Bugatti U16
Le Musée de l’Air nous a confié la restauration d’un rare moteur « Bugatti » de type U 16. Ce type de moteur est développé en 1915. Il s’agit d’un moteur de 16 cylindres disposé en U. Soit 2 lignes de 8 cylindres montés en parallèle sur un carter unique en alliage léger. Chaque ligne de 8 cylindres est constituée de 2 blocs de 4 cylindres séparés par un arbre vertical entrainant un seul arbre à cames en tête. Un carter unique recouvre le « haut moteur ». Ce montage de 2 blocs de 4 cylindres alignés pour faire un « 8 cylindres » est typique de l’architecture des moteurs « Bugatti » de l’époque.
Les caractéristiques principales sont : cylindrée totale 27,400 litres, alésage course 110×160 mm, puissance 420 cv à 1900 tr/mn, 3 soupapes par cylindre (2 à l’admission, 1 à l’échappement), double allumage, un arbre à cames en tête en 2 parties, commandé par un arbre vertical central et pignons, système de lubrification par barbotage, moteur refroidi par eau , distribution par arbres à cames en tête, arbre porte hélice creux pour recevoir un canon tirant des obus de 37mm. La restauration de ce moteur aux innovations techniques audacieuses et la recherche de documentation s’avère très intéressante. Le moteur réceptionné est bloqué et il est très fortement corrodé dans plusieurs parties. Cela nous a posé des problèmes lors du démontage, en particulier pour retirer l’arbre porte-hélice bloqué par l’oxydation dans son logement. Après réflexions et études des quelques croquis disponibles ; patience, et dégrippant ont résolu le problème ! De petits outillages ont été adaptés pour exécuter proprement certaines opérations.
La mise en conservation a été menée en parfaite collaboration avec le « Département Moteurs du Musée de l’Air ». Un dossier très documenté de notre travail est constitué à leur attention.
Les photos avant mise en conservation : un bloc de 4 cylindres, vue de l’arbre à cames d’une rangée de 8 cylindres, sortie corrodée de l’arbre porte-hélice. Le carter inférieur enlevé : vue de dessous des bielles et paliers. Bas moteur et les 16 têtes de piston ! La prise de l’arbre vertical, l’arbre à came, poussoirs, linguets et le carter monobloc du haut moteur pour les 8 cylindres.
Les photos : en cours et avant remontage : les blocs de 4 cylindres, bielles et pistons, boitier d’engrenages de sortie pour les 2 vilibrequins et l’arbre porte-hélice, le distribution air comprimé pour le démarrage ( VIET) , une des 2 pompes à eau.
Photos : en cours de remontage , le moteur terminé et les mécanos.
Pour mémoire : début 1918, la société américaine Duesenberg achète la licence du moteur U.16 à Ettore Bugatti. L’ingénieur C.B King le fiabilise et il devient le « King Bugatti ». Il est produit à une centaine d’exemplaires. Fin 1918, il motorise l’avion « Packard Lepère » qui est un échec et sans suite. En France, Morane Saulnier motorise un M-S type ANB sans succès. En 1926, le moteur en version 8 cylindres est monté sur les 6 « Bugatti Royale » Type 41. La seule réussite sera la motorisation des autorails rapides Bugatti (record mondial de vitesse en 1933) en service de 1933 aux années 1950. Mais un autre grand constructeur va s’intéresser au moteur Bugatti Type U 16, Louis Breguet en 1920…A suivre.
