Breguet-Bugatti U16

Un autre grand constructeur s’intéresse au moteur « Bugatti U 16 « …  

En 1919 Louis Breguet achète la licence de fabrication du moteur Type U16 à Ettore Bugatti pour son projet d’avions  multi-moteurs Breguet XX « Léviathan ». Il s’agit d’un avion biplan de très grandes dimensions pour le transport de 20 passagers, de fret ou de bombardement. Envergure 25,50m, longueur 13,80 m, hauteur 5,15 m. Surface alaire 140 m2, charge utile 2200 kg, totale 6500 kg, vitesse 180 km/h. Louis Breguet a besoin de 800 à 1 000 cv. Pour ce faire, il accouple 2 moteurs Type U16, décalés en hauteur et face à face, avec un « coupleur » ou boitier de transfert / réducteur placé entre les moteurs. Afin de pouvoir débrayer un moteur défaillant, Louis Breguet met au point un système de couplage et découplage automatique et individuel d’un ou plusieurs moteurs.  Un arbre assure la transmission de la puissance disponible à une hélice en bois (une double bipales de 4,5 m de diamètre) .Ce groupe moteurs est dénommé «  Breguet Bugatti » Type 32A.

 

 Vue des 2 U16  (B) placés en avant, avec le coupleur « C » au milieu. Plus de 8 mètres, les 2 « U16 » occupent tout l’avant du fuselage, une vraie « Salle des machines » !
Le groupe 32 A exposé en 1921.
L’arbre axial creux (A) en acier allié, diamètre 155 mm, longueur 1,50 m. Il passe entre les cylindres du moteur avant.
Vue du passage entre les cylindres.

Dans le « collecteur » un système d’embrayage par pignon à taille hélicoïdale permet le débrayage automatique d’un moteur défaillant. Pour ce faire on utilise l’équilibre entre un ressort taré et la réaction du pignon. En cours de vol on pouvait ainsi réparer le moteur stoppé alors que l’avion conservait 75% de sa puissance. C’est le point fort et particulier propre au groupe moteurs  « Breguet Bugatti ».

Après recherches avec succès auprès de l’lNPI et avec la collaboration du M.A.E, nous avons entre autres, la copie des divers brevets déposés par Louis Breguet en France et aux U.S.A.   

Une synchronisation de l’ensemble qui a demandé réflexion et compréhension !  

Pour assurer cette fonction, le point d’allumage d’un cylindre particulier (déterminé au banc) est renvoyé sur une flèche en métal entrainée par l’arbre à cames qui tourne dans un cylindre isolé électriquement. La position de l’étincelle par rapport au plot fixé détermine le moment idéal de l’embrayage du moteur sur le pignon central.  

Le démarrage des moteurs peut être manuel, à l’air comprimé. On démarre  d’abord un bloc de 8 cylindres (ordre d’allumage 1-5-2-6- etc…) puis un autre jusqu’au quatrième.

 

Histoire des avions Br XX « Léviathan»:

En 1922 le premier vol en juin 1922, pilote R.Thiéry, est réussi. Mais en novembre 1922 lors du Grand Prix de l’ACF des avions de transport et suite à un changement de bougies en vol et à une erreur humaine, il se pose en catastrophe en rase campagne. Il est éliminé de la compétition. Résultat, le projet Br XX est sans suite. Une nouvelle version, le Br XXI en version bombardier voit le jour fin 1922. Il aurait volé en 1923. Une dernière version, le Br XXII verra le jour toujours en 1923 mais en version bimoteurs classique . Ses moteurs U16  sont placés de chaque côté et entre les plans. Une ultime motorisation du Br XXII volera mais cette fois avec des moteurs «  Lorraine Dietrich  V8 en « Push Pull » à la place des « Breguet Bugatti U16 ». Fin de l’histoire.

 

La mise en conservation du moteur « Breguet Bugatti » Type U16  (1920/1922)  confié par le M.A.E  

Soit : 2 lignes de 8 cylindres sur un même carter en alliage d’aluminium, alésage 110mm/course 160 mm, cylindrée de 27, 400 litres, 3 soupapes par cylindres, lubrification sous pression, refroidissement par eau, 420 cv à 1900 tr/mn. 4 magnétos, un système de synchronisation. Malgré tout  Il est proche du précédent moteur «  Bugatti U16 ». 

Aujourd’hui ce moteur type U16 est réceptionné par le M.A.E après un travail minutieux de mise en conservation et de la constitution d’une importante documentation (repérage de tous les éléments, schémas, photographies, annexes techniques,…). Privilège, le Musée de l’Air nous a permis de le garder  pour les « Journées du Patrimoine 2022 » ainsi que le moteur Bugatti U16. Pour mémoire, le Musée expose dans le « Hall de l’entre-deux guerres », la dernière version des moteurs « Breguet Bugatti » le groupe 32 B (4 moteurs disposés en H) resté sans suite. A voir sans faute !   

Vue de face des 2 bancs de 8 cylindres et des canalisations d’air comprimé par démarrage (système VIET).  Le U 16 « Breguet Bugatti » est terminé. Actionné manuellement, le souffle de la compression est senti par les trous de bougies ! Bravo à tous !