Les Caudron C713 et CR714 des « Ailes Anciennes » Le Bourget
La totalité des matériels aériens français encore intacts à l’armistice du 22 juin 1940 (environ 1300 avions de combats en zone occupée) ont aujourd’hui quasiment tous disparus.
Des chasseurs Français de cette époque, il reste en France, trois Dewoitine D520, un Morane-Saulnier MS406 (en réalité un D.3801 Suisse réimporté au début des années 60) et le Caudron CR714 (incomplet) des Ailes Anciennes. C’est tout ce qui a survécu de l’Armée de l’Air Française de 1940. C’est bien peu en comparaison des centaines de P-51 Mustang américain et des dizaines de Spitfire anglais, pour ne citer que les plus connus, qui existent encore aujourd’hui. C’est donc un petit miracle si les Ailes Anciennes du Bourget on pu trouver et acquérir ce CR714.
Histoire d’une récupération…
Lorsque « Ailes Anciennes » découvre, vers la fin des années 70, les restes du fuselage du Caudron C713-01, derrière un bâtiment de l’Amicale Jean Baptiste Salis à la Ferté-Alais, germe l’idée d’en reconstituer un… Nous lui avons proposé de l’acheter, et « IL » (Jean Salis) nous l’offrit.
Ce fuselage comportait aussi le siège du pilote, le tableau de bord (vide) le bâti moteur et des capots moteur. En prime y avait aussi les deux trains d’atterrissage.
Le Caudron C713 chez Jean Salis sur l’aérodrome de Cerny.
…puis d’une seconde
En 1982, nous avons appris l’existence, chez un particulier, en Finlande, du fuselage du CR 714 n°5, totalement nu, un peu cassé, mais globalement en très bon état et muni de ses empennages. Grâce, entre autre à Edouard Mihaly, nous en avons rapidement négocié l’achat, et, le 19 janvier 83, l’ensemble arrivait en zone de fret de l’aéroport Charles de Gaulle, grâce à l’aide de Finnair et de la Lufthansa.
L’ancien propriétaire, Ossi Anttonen nous a résumé l’histoire du CR 714 N°5 de la façon suivante (la traduction est fidèle à la lettre que les Ailes Anciennes reçurent de la part du propriétaire le 10 Octobre 1982:
« Cet avion est l’un des six du même type que le gouvernement Français a vendu à la Force aérienne Finlandaise et qui est arrivé en Finlande fin Mai 1940. Après avoir été réassemblés à l’usine d’aviation d’état ils furent testés en vol (pas tous) et reçurent leur matricule Finlandais, CA-551 à CA-556, le miens est le CA-553 (N° 5).
Ces avions ont été stockés jusqu’à la fin de la guerre en 1944 et vendus aux ferrailleurs (à l’exception du CA-556, qui fut donné à une école de mécanicien).(Les 4 autres furent utilisés par le régiment Levl 30 mais peu de vols furent effectués).
Les quatre autres partirent chez les ferrailleurs après une vente aux enchères, mais le CA-553 fut acheté par deux jeunes gens, qui avaient prévu de le transformer en avion biplace. Ils commencèrent à le démonter mais ils réalisèrent bientôt que le travail était trop important pour eux et ils abandonnèrent. L’avion fut stocké dans une grange pendant plus de 20 ans avant que j’en entende parler comme d’un « chasseur Morane ». J’allais alors immédiatement le voir et je réalisais alors qu’il s’agissait d’un CR.714. J’achetais les restes et je les amenais dans mon jardin, ou je l’ai stocké il y a dix ans.
J’ai eu l’intention de le réparer pour le présenter devant ma maison, mais je suis toujours à court de temps pour m’en occuper. »
Le CR.714 N°5 dans le jardin de son ancien propriétaire Finlandais. Il n’était protégé des rigueurs du climat Finlandais que par une bâche en plastique.
Le CR.714 N°5 à Helsinki peu avant son départ pour Paris via Francfort.
Jean-Michel Daniel pose devant le CR714 au moment de l’arrivée de l’avion à l’aéroport Roissy CDG le 19 janvier 1983.
Avec cette cellule, qui était quand même à restaurer, les parties métalliques provenant du C713 de la Ferté-Alais, un moteur trouvé dans les réserves du Musée de l’Air et une hélice Ratier trouvée par hasard, nous pouvons reconstituer (sans l’aile pour l’instant) cet appareil historique.
La restauration a commencé dès l’arrivée de l’avion en 1983.
Une partie de la première équipe de restauration en plein travail
Après un peu plus d’une dizaine d’années de mise en sommeil la restauration a démarré à nouveau. Nous avons profité du récent déménagement des Ailes Anciennes dans des hangars rénovés par le Musée de l’Air pour réserver un atelier à la restauration de ce vénérable ancêtre. Un inventaire des éléments disponible du C713 et du CR.714 a été réalisé. Le travail actuel consiste à identifier les tâches qu’il reste à accomplir et les corrections à apporter à la première restauration qui avait été faite avec les moyens du bord. Le but est de rendre l’avion le plus proche possible de sa sortie des usines Caudron-Renault à la fin des années trente.
Le Caudron CR.714 lors de son arrivée dans son nouvel atelier en Octobre 2008